Je t’ai vu en 2005 pour la première fois, si ma mémoire ne me trahit pas. D’ailleurs, comment pourrai-je un jour oublier? C’était l’époque où tu passais beaucoup à la télé, et je revois souvent ces traits si sereins, presque angéliques, qui semblaient me dire « ne t’inquiète pas, tout ira bien ». Tu avais ce pouvoir de mobiliser les jeunes, d’hypnotiser des foules entières, de redonner espoir même quand la vie nous montrait sa face la plus dure...et je prenais plaisir à regarder les nouvelles chaque soir, dans l’espoir d’y voir apparaître ton visage. C’était en 2005, l’époque où le centre-ville regorgeait de gens, l’époque où les Libanais étaient plus unis que jamais. J’aperçois au loin ta silhouette. Je m’agite, je gesticule, je frétille. Mais c’est bien toi qui te tiens à quelques mètres de moi! D’ailleurs, tu as l’air de te demander qui est cette jeune fille qui rôde autour de toi en te regardant, émerveillée. Tu esquisses un sourire et, me voyant hésitante, tu t’approches de moi pour me serrer la main. J’ai tellement de choses à te dire, mais l’émotion est à son comble, et je n’arrive pas à articuler mot, plongée dans une sorte de mutisme total. Très vite, la glace se brise, TU brises la glace. Je ne trouve pas les mots pour décrire à quel point ton accueil, ta modestie, ta gentillesse, ta simplicité m’ont fait chaud au cœur...

Les années ont passé et tu as disparu de la scène politique. Je ne te cache pas que j’ai arrêté de regarder les nouvelles depuis...J’ai su par la suite que tu menais un long combat contre la maladie. Jusqu’au dernier souffle, tu as lutté avec courage et détermination. En silence, comme un véritable battant. En décembre dernier, tu as fait ton entrée – magistrale ! – au cours d’une conférence et il va sans dire que tous les regards se sont braqués sur toi. Six ans ont passé depuis notre première rencontre, mais l’émotion n’a fait que gagner en ampleur, comme quoi certaines choses ne changent jamais...Je me suis assise à côté de toi et nous avons discuté pendant un peu plus d’un quart d’heure. Ce n’était pas le politicien qui parlait, mais l’homme, le père, l’ami. Et comme une enfant en admiration devant son idole, j’ai voulu MA photo avec Nassib...Hommage à toi qui es mon inspiration, et celle de tant d’autres. Hommage à toi qui as donné de l’espoir...jusqu’à en mourir. Le cœur est en deuil, mais je me console en me disant que j’ai eu la chance de connaître un aussi grand homme et, après tout, j’ai finalement pu avoir ma photo avec toi...Repose en paix Nassib, ton souvenir brûlera, à jamais, d’une inextinguible flamme.